La France au Levant ou la politique des minorités
Pour quelle raison la France décide-t-elle de s’investir au Levant après la première guerre mondiale ? Nous n’avons pas d’intérêt stratégique dans la région comme les Britanniques qui veulent renforcer la protection du canal de Suez pour défendre la route des Indes. Cette absence d’objectif majeur explique sans doute nos hésitations au Levant. Quelques groupes de pressions, la chambre de commerce de Lyon et les congrégations religieuses notamment, parviendront à convaincre le gouvernement de l’intérêt de l’opération. Cela ne fut pas sans difficulté, car Georges Clémenceau, le Président du Conseil, avait plutôt les yeux tournés vers le Rhin que le Tigre ou l’Euphrate. Pour s’imposer au Levant, la France va s’appuyer en priorité sur les minorités religieuses.
La Syrie, du Mandat de la France à la guerre civile
Concurrence franco-britannique et résistances locales au Proche-Orient
Les grands principes wilsoniens aboutirent en Europe à l’exacerbation du nationalisme et à des échanges massifs de population. Il aurait pu en être de même en Orient, s’ils avaient été appliqués. La France et la Grande Bretagne se montrent beaucoup plus réalistes que les Etats-Unis de Wilson qui n’auront guère d’influence dans le partage du Proche-Orient au final. C’est donc sur la concurrence entre la France et la Grande-Bretagne que nous nous focaliserons et comment les deux puissances s’imposent aux populations locales. Certes, le partage de la région dépend surtout d’intérêts extérieurs : la protection de la route des Indes pour Lloyds Georges et une meilleure défense contre l’Allemagne pour Clémenceau, mais au niveau local, il leur faut tout de même s’adapter à la géographie, aux résistances des populations et la complexité de l’architecture sociale.
CV
Fonctions
Maître de conférences HDR à l'Université Lyon 2.
Chercheur associé au Washington Institute
(http://www.washingtoninstitute.org/experts/view/fabrice-balanche)
Agrégé et docteur en Géographie, il fait un premier séjour au Moyen-Orient en 1990. Depuis il a vécu
une dizaine d'années entre la Syrie et le Liban, terrains privilégiés de ses recherches. Responsable de
l'Observatoire Urbain du Proche Orient à l'Institut Français du Proche-Orient (IFPO) entre 2003 et
2007. Il effectue des travaux d'expertise sur les ressources en eau, l'environnement, l’urbanisme et
l’aménagement du territoire au Proche-Orient. Il est actuellement consultant pour la Banque
Mondiale dans le cadre du programme « Building for Peace in MENA ».
Fabrice Balanche essaie de comprendre le pouvoir politique par l’étude du territoire à travers une
approche multidisciplinaire qui associe les méthodes quantitatives et qualitatives, les Systèmes
d’Information Géographique et les études directes sur le terrain. La cartographie occupe une grande
place dans ses recherches.
Fabrice Balanche a publié plusieurs ouvrages : Le communautarisme dans la guerre civile
Sectarianism in Syria’s Civil War (https://www.washingtoninstitute.org/policyanalysis/
view/sectarianism-in-syrias-civil-war ) (2018), Géopolitique du Moyen-Orient
(http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/3303331281023/index.shtml ) (2014), Le Liban
et la crise syrienne, ouvrage collectif (2013), Atlas du Proche-Orient arabe
(https://brill.com/view/title/25266?format=HC) (2011), [traduit en arabe (2014) et en anglais
(2017)], dans lequel il dessine l'unité et la diversité de l'ancien Bilad es Sham (Syrie, Liban, Jordanie et
Palestine), et La région alaouite et le pouvoir syrien (http://www.karthala.com/1728-region-alaouiteet-
pouvoir-en-syrie-9782845868182.html ) (2006) ouvrage tiré de sa thèse dans lequel il analyse le
clientélisme politique qui structure le régime baathiste.
Il a été chercheur invité en 2015-2017 au Washington Institute
http://www.washingtoninstitute.org/experts/view/fabrice-balanche et en 2017-2018 à l’Université
de Stanford (Hoover Institution) https://www.hoover.org/profiles/fabrice-balanche